L'application du programme commun de la gauche après 1981 a conduit à la fermeture de Superphénix et à l'arrêt de son prototype Phénix. Depuis le désastre de 2002 et le retour au pouvoir de la droite pro-nucléaire, la construction de nouveaux réacteurs soi-disant plus sûres, mais surtout plus chers, les EPR, a repris à Flamanville et en Finlande. Un nouveau réacteur à neutrons rapides, nommé Astrid, refroidi au sodium, comme Superphénix, est en construction à Marcoule à la place de Phoenix. François Fillon, en visite au Bugey, le 30 août dernier, a déclaré que ce nouveau réacteur servirait à brûler les déchets (de très haute activité, c'est-à-dire 4 % du total). Il a aussi justifié cette reprise en déclarant« le nucléaire est une source d'énergie irremplaçable». La direction d'EDF investit dans la prolongation des 58 réacteurs existants pendant 10 à 20 ans. Depuis 1990, 80 % des crédits de recherche et développement sur l'énergie sont consacrés au nucléaire[1], et cela continu aujourd'hui. Rien pour les énergies renouvelables, ni les autres formes d'énergie. La conséquence aujourd'hui est que la gauche se demande par quoi remplacer le nucléaire. Les militants socialistes confrontés à la nécessité d'un accord avec Europe-écologie-les-Verts aux Présidentiels, ont envisagé leur sortie du nucléaire lors des rencontres écologiques annuelles de Saint-Ciers- sur- Gironde, le 26 août dernier. Négawatt, le thinktank des écologistes sur la sortie du nucléaire, vient de publier un rapport d’experts envisageant la sortie complète du nucléaire dans le monde en 2034, par des économies d'énergie et le remplacement du nucléaire par les énergies renouvelables. Mais cela ne résout qu’une partie du problème. En effet, il ne faut pas oublier que les 58 réacteurs actuellement en fonctionnement à EDF produisent annuellement 1500 t de combustibles usés, dont Areva extrait à La Hague, 15 t de plutonium dont une grande partie sert à rafraîchir le contenu des 368 têtes nucléaires constituant notre force frappe (1). À moins de respecter les termes du traité de non-prolifération (TNP), signé avec les quatre autres puissances nucléaires mondiales, le parti socialiste n'a pas encore envisagé de renoncer à cette force de frappe, qui coûte très cher à la nation et dont on se demande à quoi elle pourrait bien servir aujourd'hui (si ce n'est à détruire la planète). La gauche n'a plus que cinq mois de discussions pour se mettre d'accord sur de tels objectifs. Il serait temps de commencer dès aujourd'hui, au plus tard le 16 octobre quand le PS se sera trouvé un leader.
Jean-Pierre Morichaud. membre de EELV 07.
[1] Lire mon livre « Menace sur le Vivant »,2008, aux éditions Yves Michel, 5 allée du torrent, 0500 Gap.